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Atmosphère de discussion ouverte – avenir incertain

29. Oktober 2021

Le Comité exécutif de la Conférence centrale d’Europe du Centre et du Sud de l’Église Évangélique Méthodiste (EEM) s’est réuni du 20 au 23 octobre à Budapest. Les discussions ont largement tourné autour de la question de savoir si dans le cadre du territoire épiscopal de l’évêque Patrick Streiff, un avenir commun était possible et, dans l’affirmative, comment il se présenterait.

Pour la première fois depuis 18 mois, les membres du Comité exécutif de la Conférence centrale de l’Europe du Centre et du Sud ont à nouveau pu siéger sur place, en portant évidemment une grande attention à sécurité sanitaire. C’est ainsi que l’on a au dernier moment transféré le lieu de la rencontre de la Roumanie à la Hongrie, moins touchée par la pandémie de coronavirus. Toutes les réunions et discussions ont eu lieu dans l’hôtel. Lors de la première rencontre, chaque personne a dû se soumettre à un test rapide antigénique.

Questions liées à l’avenir

La question de savoir de quoi le territoire épiscopal pourrait avoir l’air à l’issue des décisions de la Conférence générale désormais prévue en 2022 constituait clairement l’un des points principaux des débats. D’aucuns s’attendent à ce qu’on arrive à une scission au sein de l’EEM mondiale. La controverse réside essentiellement dans des positions divergentes au sujet de la sexualité humaine.

Estimer les conséquences

En l’état actuel des connaissances, on table sur le fait que plusieurs Conférences annuelles membres de la Conférence centrale ou tout du moins des parties de celles-ci vont s’en aller. Les membres de la session ont pris acte d’un document formulant les conséquences structurelles et financières d’un tel départ.

Rester ne serait pas une option

Récemment, quelques personnalités dirigeantes méthodistes ont créé le Chapitre régional d’Europe orientale de la Wesleyan Covenant Association (WCA), un groupement de méthodistes de tendance traditionnaliste qui comprend actuellement des membres de Bulgarie, de Slovaquie et de Roumanie. En réponse à la question de savoir si c’était là le premier pas vers la scission, Daniel Topalski, surintendant de l’EEM en Bulgarie a répondu : « S’il devait se produire dans l’EEM mondiale une ouverture en direction des homosexuels, il ne serait plus possible pour les membres des chapitres du WCA de rester dans cette Église. »

Promouvoir la mission

La session de Budapest a également été le cadre d’une rencontre de la Table Ronde élargie, qui planche sur la question de savoir à quoi pourrait ressembler un avenir commun. Par-delà les différentes positions, les discussions ont fait apparaître une confiance croissante et une atmosphère de discussion foncièrement ouverte. Les participants se sont efforcés de ne pas privilégier leur propre point de vue politique et sociétal, mais plutôt de demander ce que la perspective formulée pourrait impliquer dans d’autres contextes de l’Église. L’évêque Patrick Streiff a exprimé la question sous-jacente en ces termes : « Comment pouvez-vous contribuez, pendant que vous vous efforcez de poursuivre la mission de l’EEM dans votre propre pays de manière à ce qu’elle prospère, à ne pas mettre en danger, mais au contraire à promouvoir, la mission de l’EEM dans un autre pays de la Conférence centrale où le contexte est totalement différent ? »

Échange intense possible

Un document de travail préparé par l’évêque Patrick Streiff a servi de base à un échange intense et ouvert. Le mode de discussion utilisé, qui visait à rechercher le consensus, a permis des entretiens extraordinairement ouverts, attentifs et empreints d’un profond respect mutuel.

L’échange sur le document présenté par l’évêque Patrick Streiff a évidemment aussi fait clairement apparaître les lignes de rupture entre les participants. C’est ainsi que, sur les cinq questions posées sur la manière dont le Règlement de l’Eglise devrait à l’avenir refléter la réalité de l’Église par rapport à l’homosexualité, une seule des propositions a été largement approuvée par toutes les parties : la possibilité accordée aux Conférences annuelles de déroger au Règlement général et de formuler leur propre déclaration contraignante au sujet de la sexualité humaine.

Mandat pour la « Table Ronde »

En dépit de toutes les discussions, aucune décision de fond n’a pu être prise. Il a simplement été décidé qu’un petit groupe de travail allait retravailler le Règlement de l’Église de telle sorte que les textes relatifs à la manière de traiter l’homosexualité puissent être approuvés assez largement. L’affaire sera présentée à la prochaine session de la Conférence centrale ou du Comité exécutif de la Conférence centrale. Dans la poursuite de sa tâche, la Table Ronde doit sans délai s’adjoindre un modérateur externe, car la conduite du groupe devient de plus en plus exigeante. Quoi qu’il en soit, le but doit rester le maintien de l’unité de la Conférence centrale avec autant de Conférences annuelles et de pays que possible.

Pas de nouveau mode d’élection de l’évêque

Pour ce qui est de l’élection d’un/une successeur de l’évêque Patrick Streiff lors de la prochaine Conférence centrale, il avait été convenu que pour la première fois, les membres des Conférences annuelles pourraient nommer des pasteur·e·s pour cette fonction. Ce procédé a été stoppé au dernier moment par une majorité infime. Dans quelques Conférences annuelles, on s’est senti dépassé, certains arguant du fait que les personnes éligibles d’autres Conférences ne seraient pas assez connues. Par ailleurs, une éventuelle séparation créerait une toute nouvelle réalité, en vue de laquelle un tel processus de nomination tendrait plutôt à générer de la confusion qu’à faciliter les choses.

Décharger l’évêque

Au vu de la pandémie de coronavirus, il n’est toujours pas certain que la Conférence générale puisse effectivement avoir lieu en 2022. S’il devait y avoir un nouveau report, le mandat de l’évêque Patrick Streiff pourrait à nouveau être prolongé. Aussi le groupe de travail Épiscopat a-t-il été chargé d’étudier avec l’évêque les possibilités de le décharger et, le cas échéant, d’initier la mise en œuvre des solutions identifiées.

Jörg Niederer
Illustration : L’évêque Patrick Streiff (tout à droite) a présidé la session de Budapest (Photo : Jörg Niederer)