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Photo : Martin Wieland (à gauche) et Chris Forster devant l'entrée de l'église méthodiste de Frauenfeld. (Photo : privé)

« Je suis fier de ce que dans le milieu des Églises nous passions pour être très innovants »

23. Januar 2022

Depuis le 1er novembre 2021, un pionnier d’église est à l’œuvre à Frauenfeld (TG). Le projet « hérite » des bâtiments de l’EEM locale. L’idée est de mettre en route une église assez différente. Chris Forster accompagne le projet.

Chris, l’EEM de Frauenfeld a fermé. Pourtant, il semble qu’il s’y passe de nouveau quelque chose. Est-ce qu’à terme, on y célébrera de nouveau des cultes ?

C’est fou ! Chaque fois que quelque chose de neuf démarre quelque part, les gens ont l’impression que tôt ou tard, il y aura de nouveau des cultes classiques. Ce qui ne serait pas impossible. Mais en réalité, nous prévoyons tout à fait autre chose. Notre approche consiste à regarder de très près la situation sur place et de se poser la question : au fond, de quoi les gens de Frauenfeld ont-ils besoin ?

Nous voulons écouter et découvrir où nous pouvons aider ou soutenir – par exemple en mettant des locaux à disposition. Finalement, il s’agit de rencontrer des personnes, de créer un socle de confiance, de développer des relations et ainsi devenir église avec ces gens. Si tout va bien, il s’agira de personnes qui n’ont encore aucune idée de « comment ça marche », une église.

Il est donc probable qu’il n’y aura pas de cultes. Parce que la plupart des gens ne savent plus ce que c’est. Nous partons de la constatation que plus de 70 % de la population n’attend plus rien de l’église. C’est pour ça qu’il faut absolument trouver comment notre approche de Dieu peut prendre une autre forme.

Frauenfeld est le premier projet « Legacy ». Peux-tu nous parler des différentes étapes d’un tel projet ?

Au départ, il y a eu ce constat : en tant que paroisse « classique », nous sommes au bout. La communauté est vieillissante. On ne peut plus rien faire. – En tant que service de développement de l’église, nous sommes allés y voir de plus près. Il y a là un immeuble. C’est le « Legacy », l’héritage, la succession. Puis nous avons procédé à une analyse du milieu social. Quelles sont les possibilités ? Quel est l’environnement de ce bâtiment ? Vaut-il la peine de s’engager dans cette affaire ? Y a-t-il un potentiel ? – En ce sens, Frauenfeld est parfait. L’immeuble est à quelques minutes de la gare. Tout alentour on trouve des bistrots, un coiffeur, une association de quartier …

Ensuite, basés sur l’analyse du milieu social, nous soumettons une proposition au Conseil : Qu’on recommence quelque chose là-bas. Cela veut dire libérer des fonds, chercher un pionnier ou une pionnière.

Pour moi, il est également essentiel d’englober le circuit qui était implanté ici dans ce processus. Parce que « Legacy » signifie qu’ils vont en quelque sorte s’investir dans le futur avec ce qu’ils ont : dans ce cas, l’immeuble et le loyer.

Nous sommes maintenant dans la phase où le pionnier, Martin Wieland, va se mettre au travail. Il y a tout d’abord l’infrastructure. Avant de pouvoir mettre en route le projet, Martin doit s’installer un bureau. Puis il ira sur le terrain pour écouter, regarder et amorcer la mise en place d’un réseau.

Ca veut dire : en premier lieu, aller à la rencontre des gens. Juste en face, il y a un « steak-house ». Pourquoi Martin n’y irait-il pas de temps en temps pour nouer des relations ? Ou bien l’association de quartier ? Là aussi, il est important de discuter avec ces gens. Que pouvons-nous faire pour que le quartier devienne encore plus vivant ? Où pouvons-nous nous entraider et nous soutenir les uns les autres ?

On devient ainsi partie d’un réseau, on se lie avec des gens et on se comprend. C’est tout à fait décisif : prendre la pleine mesure du contexte.

Comment avez-vous trouvé Martin Wieland ?

Il y a en ce moment dans les starting-blocks quelques projets du même genre. Pas vraiment du type « Legacy », plutôt du genre « Eglise autrement ». Normalement, nous trouvons les gens dont nous avons besoin pour ces projets en suivant deux pistes. Ou bien tu connais quelqu’un qui connait quelqu’un … Ou alors quelqu’un entend dire de l’EEM : « Hé ! Ils sont innovants. Là, tu pourrais essayer des trucs impensables dans une église traditionnelle. »

Je suis très fier de ce que dans les milieux d’églises, nous passions pour être innovants. Avec le temps, consciemment ou inconsciemment, cela s’est su. C’est vraiment cool. D’habitude, les gens viennent alors nous voir. Martin a répondu à l’annonce que nous avons publiée.

Il y a toujours des gens qui ont ce genre de choses en tête. Et quand ils voient que « là, on a la possibilité de faire ce genre de choses ! » alors les gars sortent de derrière les fagots.

Quel est ton rôle dans le projet ?

J’ai très clairement un rôle de conseiller. Je suis le coach détaché auprès de Martin par le service de développement de l’église. Matthias Fankhauser, qui dirige ce service, est responsable du  circuit « Eglise autrement » auquel Martin va appartenir. Cela veut dire : Matthias est le lien avec les services centraux et le Conseil.

Ca aide grandement de pouvoir travailler ainsi. Matthias est son chef. Je peux l’accompagner et le soutenir dans son activité. Nous pouvons ainsi être des collègues qui sont en route ensemble. C’est un dispositif que nous sommes en train d’essayer. Je sens que ça pourrait marcher.

Combien de temps durera la phase actuelle ?

Nous avons à faire à un pionnier, qui aime bien avancer assez rapidement. C’est pourquoi je pense à un an au maximum. Normalement, il se passe quelque chose déjà plus tôt.

Pour moi, cette première année est très importante. C’est à ce moment-là qu’on va constituer un réseau, apprendre à connaître des gens, identifier des acteurs clés – en d’autres termes : mettre en place la base sur laquelle on pourra édifier la suite.

La phase suivante verra se développer un travail par lequel d’une part, nous servons la société, tandis que d’autre part, nous avançons ensemble sur un chemin où tôt ou tard prendra place la spiritualité. Puis, en collaboration avec les autres, il s’agira de développer de nouvelles formes pour notre façon de chercher Dieu. Dans le meilleur des cas, il en sortira une œuvre qui grandira et fleurira.

S.F. / Traduction : Fredy Schmid
Photo : Martin Wieland (à gauche) et Chris Forster devant l’entrée de l’église méthodiste de Frauenfeld. (Photo : privé)